Reconstruire les régions grâce à l’entrepreneuriat : l’exemple de Shawinigan

4 juin 2017

Par Raymond Robert Tremblay, coach et consultant en gestion

Plusieurs de nos régions au Québec sont dévitalisées par le retrait de secteurs économiques traditionnels : la forêt, le papier, l’énergie, la grande industrie, etc. Comme conséquences, lorsque les jeunes sortent de l’école secondaire ou du cégep, ils se trouvent difficilement un emploi dans leur secteur d’études. Ceux et celles qui déménagent pour aller à l’université se trouvent souvent dans la même situation. Or les emplois qualifiés qui leur sont proposés sont souvent dans les grandes régions de Montréal ou de Québec. Une fois partis, ils s’enracinent, fondent des familles, achètent des condos et plusieurs ne reviennent jamais dans leurs régions d’origine. La Gaspésie, la Mauricie et beaucoup d’autres régions au Québec connaissent ce phénomène. Par conséquent, la population vieillit, les écoles ferment dans les villages et graduellement le tissu social est dévitalisé.

Dans l’ordre habituel, représentant divers cégeps de régions lors de la rencontre nationale des représentants du PEEC à Shawinigan: Alexandre Mathieu, Outaouais, Pierre Savard, Saint-Jérôme. Stéphanie Paquette, Outaouais, Louison Chabot, Beauce-Appalaches, Joëlle Guay, Sherbrooke, André Lamoureux, Trois-Rivières, Alain Leclerc, Saint-Félicien, Valérie Huppé, Limoilou, Mélissa Philippe, PEEC, Pascal Marcotte, Sherbrooke, Marielle Esclapez, Rimouski, Émy Daniel, Montmorency, Philippe Boisvert, Victoriaville, Maude Lemire-Desranleau, Vieux-Montréal, Marie-Ève Dupuis-Roussil, Shawinigan, Brigitte Valois, Saint-Jérôme, Raymond-Robert Tremblay, PEEC

Une des seules façons de retenir cette jeune population, ou les travailleurs qualifiés qui perdent leur emploi consiste à offrir une alternative : l’entrepreneuriat ou le repreneuriat! Sauf que cela ne se fait pas seul, comme par magie. Il faut un leadership fort et visionnaire, capable d’entraîner à sa suite le secteur privé, le secteur public et la population en général. Une ville est en train de réaliser une renaissance économique et sociale remarquable, sous le leadership d’un maire volontariste : il s’agit de Shawinigan. Autrefois fleuron de la grande industrie, Shawinigan a vu partir presque toutes les grandes entreprises en 40 ans. Il y a dix ans, cette ville de 50 000 habitants était au bord de l’implosion.

Hall d’entrée  du Centre d’entrepreneuriat Alphonse-Desjardins Shawinigan – CEADS

Michel Angers, maire de cette ville depuis 2009 a vécu plusieurs fermetures déchirantes comme président du Conseil central du Cœur-du-Québec de la CSN et il a refusé de baisser les bras. Avec ses partenaires de l’éducation, du secteur privé et des autres ordres de gouvernement, il a fait prendre à sa ville le virage de l’entrepreneuriat, avec pour résultat que Shawinigan est aujourd’hui le troisième centre de l’économie numérique au Québec! Ayant transformé l’ancienne usine de textile de la Wabasso en Centre d’entrepreneuriat Alphonse-Desjardins Shawinigan (CEADS), il a su réunir autour de lui toutes les volontés requises pour relancer l’économie de sa ville, notamment autour de l’entrepreneuriat, combattant ainsi le départ des jeunes et même réussissant à attirer de gros joueurs, comme CGI, intéressés à la nouvelle dynamique entrepreneuriale de Shawinigan.

Luc Arvisais fait visiter une des zones de détente du CEADS. Il fait remarquer les éléments architecturaux d’origine qui ont été conservés lors de la restauration de l’immeuble.

Le 23 mai 2017, M. Luc Arvisais, responsable du développement économique à la ville de Shawinigan et directeur général du CEADS, a présenté les objectifs de ce centre aux représentants du PEEC. Il leur a fait visiter le Centre en insistant sur le soutien de la Ville et le succès de cette stratégie de renaissance économique régionale s’appuyant sur l’entrepreneuriat. On y trouve de la formation aux entrepreneurs, du soutien au démarrage des entreprises. Le CEADS regroupe un programme de développement des compétences et des outils d’accompagnement pour les nouveaux entrepreneurs. Inauguré en 2012, le CEADS incube 22 entreprises et a permis la création de 119 emplois. Les jeunes pousses (startup) ont accès à du capital de risque en plus de conseils et d’un environnement très favorable à leur épanouissement. Le CEADS héberge désormais la célèbre microbrasserie du Trou du diable qui vend maintenant ses bières de qualité hors du pays. Comme il le déclare : «l’arbre qui tombe fait plus de bruit que la forêt qui pousse!» Il suffit de la voir bien plantée pour s’apercevoir qu’elle promet de nombreux fruits.

Philippe Nadeau souligne l’importance de l’innovation pour les jeunes pousses du Digihub.

Parmi les initiatives intéressantes hébergées au CEAD se trouve le Digihub. M. Philippe Nadeau, directeur général du Digihub Shawinigan – implanté au deuxième étage de l’édifice Wabasso, une ancienne usine de textile – est fier de cet organisme qui regroupe un centre de formation, un incubateur et un accélérateur pour de nouvelles entreprises. Il comporte une zone de travail collaboratif et divers espaces dédiés au numérique. On y retrouve 38 petites entreprises dédiées au développement des technologies de l’information et des applications mobiles. Il a permis la création de 102 emplois de l’économie numérique en région. Pensez-y : le Digihub est né il y a seulement 2,5 ans et il a permis la naissance du 3e centre numérique au Québec, incubant des PME qui sont toutes dynamiques et réseautées en 4 pôles d‘innovation. Bientôt le DigiLab sera créé ayant pour objectif de doter le centre d’un FabLab dédié aux technologies 4.0. On parle donc ici de fertilisation croisée des expertises.

Guy Dumais, DG du Collège de Shawinigan, et Marikim Dion, de l’ACEE, sont attentifs durant la présentation de Philippe Nadeau, afin de mieux saisir les opportunités que présente le Digihub.

Or l’éducation en général, notamment la Commission scolaire de l’Énergie, et l’enseignement collégial en particulier, joue un rôle essentiel dans tout ce mouvement de croissance. Parlons-en avec M. Guy Dumais, directeur général du Collège de Shawinigan, qui insistera sur les liens de collaboration entre le cégep et les acteurs du développement économique à Shawinigan, spécialement dans le contexte du Digihub. En effet, le cégep offre des formations en informatique et dans deux programmes de la formation continue en rapport avec ce développement:  l’attestation d’études collégiales « Programmation d’applications mobiles» offerte depuis les débuts et bientôt et l’AEC «Spécialiste en qualité logicielle».

Les représentants de toutes les régions étudient attentivement les étapes qui ont mené au succès de ce centre entrepreneurial d’avant-garde et le rôle que les cégeps peuvent y jouer.

Plusieurs de ses anciens ouvrent aujourd’hui au sein de ces jeunes poussent prometteuses, comme Rum&Code, qui développent des applications mobiles pour iOS et Android aussi bien que des applications web. « On est basés à Shawinigan et on est fiers de vivre/travailler en région. Ceci dit, on a des clients en Ontario, à San Francisco et à Montréal. Comme quoi, les gens des régions ont le cœur grand et ne font aucune discrimination géographique. Avec Internet, on peut même se faire une séance Hangouts pour se serrer virtuellement la main, écrivent-ils sur leur site.»

Bref, Shawinigan nous donne un exemple frappant de renaissance économique axée sur l’entrepreneuriat éducatif. Cette ville illustre aussi le fait que l’enseignement collégial peut s’associer avec succès à un dispositif de croissance, en jouant un rôle essentiel : celui du développement des compétences requises pour la société de l’information.


Quelques références

Le PEEC, Projet d’éducation entrepreneuriale au cégep : https://www.peeceducation.org

Le CEADS : http://www.ceads.ca/

Le DIGIHUB : https://digihub.ca/

Rum&Code : http://rumandcode.io/

Le Collège de Shawinigan, pour les programmes mentionnés dans l’article : http://www.collegeshawinigan.ca/formation-continue/programmes-a-temps-plein

L’Hebdo du Saint-Maurice : http://www.lhebdodustmaurice.com/actualites/2017/6/1/une-quinzaine-de-colleges-en-visite-a-shawinigan.html

Catégories

Notre Mission

Le PEEC outille les intervenants entrepreneuriaux des collèges afin d’intervenir dans tous les aspects de l’entrepreneuriat éducatif en enseignement supérieur. Ainsi, il favorise la persévérance et la réussite scolaire, de même que l’implication des apprentis entrepreneurs dans leur communauté. En complémentarité avec les autres organismes
œuvrant en entrepreneuriat, il stimule l’entrepreneuriat étudiant à travers ses trois
axes:

  1. La sensibilisation
  2. L’engagement
  3. La réalisation.

Le PEEC encourage l’apprentissage dans l’action et l’entrepreneuriat responsable et social.

Infolettre

En cliquant sur Envoyer, vous acceptez la politique de confidentialité

Voir la dernière Infolettre !

Archives

Share This