Par Raymond-Robert Tremblay, coordonnateur du PEEC
Le 8 octobre dernier, Frédéric Laurin présentait en webinaire les résultats préliminaires d’une vaste étude menée auprès de membres des Chambres de commerce régionales : « Les impacts économiques régionaux de la pause sanitaire de la COVID au Québec pour les entreprises et les organisations ». Cette étude est d’une grande pertinence pour les écosystèmes entrepreneuriaux, mais aussi pour les initiatives entrepreneuriales des collèges, car il y a de nombreux liens entre les deux et aussi parce que les jeunes entrepreneurs établis ont une influence marquante sur le désir d’entreprendre des étudiants des collèges. C’est aussi une réflexion importante pour les répondants et les autres intervenants entrepreneuriaux, afin de tenir compte de l’état d’esprit qui règne dans leur région.
Monsieur Frédéric Laurin est un économiste bien connu en Mauricie et au-delà. Il est professeur d’économie à l’École de Gestion de l’Université du Québec à Trois-Rivières et chercheur à l’Institut de recherche sur les PME (INRPME). Ses recherches portent en particulier sur le développement économique régional. La grande enquête qu’il a pilotée auprès de 1292 entreprises et organisations porte sur les impacts régionaux de la pause sanitaire relative à la pandémie de la COVID-19. En plus de diverses mesures d’impact économique, elle s’intéresse à l’ampleur des transformations et des adaptations des entreprises en réponse à la crise.
Sans prétendre résumer cette étude approfondie et complexe, encore sujette à interprétation, il nous paraît important de partager certains de ses constats. D’abord, remarquons que les entreprises ont un degré d’optimisme très modéré en ce qui concerne le développement de leur entreprise, avec un score de 4,16/7 (59%). En ce qui concerne la conjoncture économique générale, ils sont encore moins optimistes à 3,5/7 (50%). Plusieurs envisagent de réduire leurs investissements.
Plus spécifiquement, les entrepreneurs craignent de perdre des contrats ou encore d’avoir des problèmes de liquidités. Ils ont aussi des inquiétudes justifiées concernant la chaîne d’approvisionnement et la santé psychologique des employés.
Évidemment, les impacts varient selon les secteurs. On sait que l’hôtellerie, la restauration, le monde du spectacle et le commerce de détails sont les plus affectés par le confinement.
Ce contexte difficile oblige les entreprises à envisager des transformations et des mesures d’adaptation spéciales. En premier lieu, on ne sera pas surpris de voir arriver de nouvelles règles sanitaires et des transformations numériques. La gestion des risques, le modèle d’affaires et la gestion des ressources humaines sont aussi des activités qui requièrent du changement.
En ce qui concerne les mesures de soutien souhaitées ou requises, on s’aperçoit que seulement 14% n’en ont pas besoin, alors que 74% ne se qualifient pas, ce qui pose la question de la pertinence des mesures mises en place par les divers paliers de gouvernements.
On voit également qu’il y a une grande disparité en ce qui concerne l’appui de l’écosystème entrepreneurial local. Tous souhaitent un niveau de soutien accru: en particulier en Gaspésie, sur la Côte-Nord, dans Lanaudière, à Laval, à Montréal et dans la Capitale nationale, dans les Laurentides et en Mauricie. Par contre, le tableau change quand on observe la perception. La communauté d’affaires locale et les Chambres de commerce sont une source de soutien importante dans Lanaudière, en Abitibi-Témiscamingue, dans l’Outaouais, au Bas-St-Laurent et dans les Laurentides. C’est bien moins vrai sur la Côte-Nord, en Chaudière-Appalaches et au Centre-du-Québec. Ces disparités régionales marquées peuvent affecter la résilience des entreprises locales. Une mobilisation solidaire accrue s’impose donc.
Tous ces constats ont bien entendu suscité l’intérêt des participants et de nombreux questionnements, bien sûr requis dans le contexte actuel. Il est important de bien comprendre la situation, afin de relever les défis qui se posent. Pour les cégeps, ces connaissances peuvent guider une action régionale spécifique: comment peut-on aider et soutenir les communautés entrepreneuriales locales? Comment peut-on guider les jeunes étudiants-entrepreneurs de façon à tenir compte des défis posés par la pandémie et les problèmes économiques qui en découlent? Comment peut-on entreprendre malgré tout, innover et saisir les opportunités qui se présentent?
Merci à Frédéric Laurin, à l’Institut de recherche sur les PME (INRPME) et à la Fédération des chambres de commerce du Québec pour la présentation de cette étude. Cela permettra rapidement d’éclairer notre chemin.
Dès que nous les recevrons, nous pourrons partager des liens vers la présentation et la vidéo du webinaire, afin d’alimenter votre réflexion et votre action régionale.
