On nous demande souvent quels sont les facteurs qui expliquent le succès d’un collège dans le domaine de l’entrepreneuriat éducatif collégial. Il y a certes plusieurs facteurs particuliers qui relèvent de la culture locale, des compétences des gens, de leur expérience, etc. Mais y a-t-il des facteurs généraux, sur lesquels on peut s’appuyer?
Après trois ans et demi d’expérience, le PEEC peut tenter de répondre empiriquement à cette question. Quels sont les facteurs que nous avons observés qui jouent un rôle dans le succès de certains collèges ?
Loin d’être définitives, nos réponses peuvent éclairer et encourager les collèges à améliorer et à bonifier leur offre de services éducatifs entrepreneuriaux aux élèves, dans un mouvement d’émulation positive. Des recherches de terrain appuyées sur la théorie seront nécessaires pour valider nos idées issues de la pratique.
A. La direction
1. Une vision claire et partagée
Qu’est-ce que le cégep veut faire en matière d’entrepreneuriat éducatif? La réponse à cette question doit être connue non seulement de la direction générale, mais aussi de tous les acteurs: professionnels au dossier, professeurs impliqués, cadre de coordination, etc.
Par exemple au Cégep de Jonquière on peut lire dans le Plan stratégique 2017-2022, point 2 de la vision : « La recherche, l’innovation et la promotion de l’esprit entrepreneurial sous toutes ses formes se conjuguent à l’enseignement, permettant ainsi d’atteindre sa mission. » Ensuite, afin d’atteindre l’objectif 3 : « valoriser et reconnaître l’engagement et l’innovation ». On peut aussi lire qu’une des voies d’action (16) consiste dans le « Soutien au développement d’activités d’entrepreneuriat social et économique ».
Cet énoncé de principe conjugué avec une voie d’action forment une vision qui est à la fois simple et inspirante.
2. Le soutien de la direction générale, par exemple, comme objectif dans un plan stratégique, une politique, une visibilité, etc.
Il est fondamental que la haute direction soutienne le mouvement de l’entrepreneuriat éducatif et les efforts des intervenants en ce sens. Une manière très claire de le faire consiste à l’inscrire dans le plan stratégique ou le plan d’actions annuel. Le service des communications peut être un allié important pour offrir une visibilité aux réalisations des intervenants et des élèves.
Un exemple remarquable réside dans la Politique Entrepreneuriat-études Recueil sur la gouvernance (2017) du Cégep de Limoilou. On peut y lire une ferme volonté de développement: « En plus de concourir à la lutte au décrochage en donnant un sens aux études, cette nouvelle culture entrepreneuriale est de nature à contribuer à la naissance d’une nouvelle génération d’entrepreneurs dans une ville où le goût de se lancer en affaires est encore trop peu répandu ». Voilà un appui très fort.
3. Des ressources humaines, financières et matérielles suffisantes
Le nerf de la guerre, dit-on! Si les idées sont importantes, les gestes concrets de soutien le sont plus encore. Le développement de l’entrepreneuriat éducatif au collégial nécessite des locaux pour les clubs étudiants, le soutien de professionnels et de techniciens en loisir qui disposent d’un mandat précis et exclusif, la libération d’enseignants compétents, l’investissement de ressources pour favoriser les échanges intercollèges et la participation aux événements nationaux, des budgets pour démarrer de nouveaux projets, etc.
Dans une dizaine de collèges, un intervenant dispose d’un mandat privilégié en entrepreneuriat, de locaux et de ressources. Par exemple, les cégeps de Sainte-Foy, de Sherbrooke et du Vieux-Montréal sont spécialement visibles et dynamiques en entrepreneuriat éducatif.