Une innovation pédagogique au cégep de Limoilou
Comment utiliser l’entrepreneuriat de manière pédagogique? Telle est la question à laquelle les intervenants entrepreneuriaux doivent souvent répondre. Sur ce plan, les initiatives des uns peuvent être une source d’inspiration pour les autres. Quand l’enseignante invite les élèves à démarrer des projets, nous pensons qu’il y a là un terrain favorable à la mise en œuvre d’une pédagogie entrepreneuriale.
Le cas de la collaboration entre le programme des Sciences humaines du cégep Limoilou et SISMIC nous conforte en ce sens. SISMIC est un projet du Chantier de l’économie sociale dont la mission est de promouvoir l’entrepreneuriat collectif comme partie intégrante de l’économie plurielle du Québec. Pour rappel, le Pôle d’économie sociale, une composante régionale du Chantier, soutient les jeunes qui veulent démarrer des projets sociaux. À travers l’initiative SISMIC, le pôle facilite des ateliers d’idéation dans son domaine d’intervention, domaine de plus en plus valorisé par les jeunes.
Où est le problème?
À la fin des études en Sciences humaines, à Limoilou, les étudiants doivent présenter un projet impliquant une intervention dans la communauté. Cette épreuve de synthèse est couramment appelée DIASH, ou Démarche d’intégration des acquis en sciences humaines. En Sciences humaines, les jeunes s’intéressent à différents domaines: l’éducation à l’enfance, les techniques en relation d’aide et les enjeux internationaux et les langues, pour ne citer que celles-là. Mais, le lien avec l’entrepreneuriat éducatif n’est pas toujours facile à établir. Du moins, cela nécessite souvent beaucoup d’efforts et de réflexion afin d’aboutir à des projets entrepreneuriaux ayant une forte connotation sociale, afin de satisfaire pleinement les exigences pédagogiques du programme.
Une solution pas très loin du problème
Madame Isabelle Morin est la Coordonnatrice du programme de Sciences humaines au cégep Limoilou.
Elle et ses collègues, dont Dominique Thibault et Alain Côté, connaissent les défis liés au choix des projets dans le cadre du DIASH et ils sont toujours à l’affût de nouvelles approches. Lorsqu’elle a entendu parler du projet de SISMIC, avec lequel collabore le Parcours entrepreneuriat-études, ils ont tout de suite vu le lien qu’ils pouvaient faire avec les étudiants du DIASH, afin qu’ils mettent leurs compétences en action. C’est quelque chose qu’ils faisaient déjà, mais l’ajout de SISMIC était un plus à cause de son caractère concret. SISMIC devient un facilitateur.
Au départ, nous voulions que le parcours entrepreneuriat-études qui collabore avec SISMIC transmette des projets d’économie sociale aux étudiants en Sciences humaines. Valérie Huppé, conseillère en entrepreneuriat au cégep Limoilou a proposé l’option d’atelier d’idéation.
Isabelle Morin, Coordonnatrice du Programme Sciences humaines au Cégep Limoilou
La collaboration ainsi initiée a, dans un premier temps, servi à sensibiliser les enseignants concernant les différents aspects de l’entrepreneuriat. De fait, l’entrepreneuriat n’est pas limité à l’exploitation d’une entreprise commerciale mais comporte aussi des aspects socialement responsables. L’équipe a par la suite travaillé avec les enseignants pour les aider à identifier des projets à impacts sociaux, un exercice dans lequel SISMIC détient une expertise avérée.
Enfin, grâce à l’atelier «Révélateur », permettant la co-élaboration de projet, les jeunes ont pu trouver des idées de projets en partant d’enjeux sociaux au moyen d’une méthodologie bien définie par les experts de SISMIC. Ils auront à travailler sur ces projets tout au long de leur dernière année et à participer à un grand événement : le Colloque des finissants et finissantes des Sciences humaines.
L’effet eurêka : un moment de perspicacité
En principe, l’atelier « Révélateur » dure 3 heures. Les facilitateurs de SISMIC n’avaient qu’une heure et 15 minutes pour l’implanter et obtenir les résultats escomptés. La réception des étudiants a été au delà des attentes! L’atelier a foisonné en idées de projets sociaux, des projets que les étudiants seront motivés à développer tout au long de l’année!
On avait peur de ne pas atteindre les objectifs de projets avec une certaine maturité. Mais le but a été atteint : les efforts des étudiants avaient abouti et ils étaient mieux orientés pour les projets sur lesquels ils allaient travailler. La réception était excellente et les enseignants très satisfaits de ce qui s’était passé.
Stéphane Morin-Ouellet, Coordonnateur de projet SISMIC
Beaucoup d’enseignants ne se rendent peut-être pas compte qu’ils font déjà des projets à valeur entrepreneuriale dans leurs cours. En mettant en lumière leurs méthodes d’enseignement, souvent axés sur la réalisation de projets, ils réalisent que la frontière avec l’entrepreneuriat social – l’idée d’entreprendre pour contribuer à résoudre une problématique sociale – est très mince.
Cette collaboration aura permis de faire d’une pierre deux coups : aider les étudiants en Sciences humaines à trouver des idées de projets plus facilement et aussi rappeler à ces jeunes que lancer une entreprise, c’est aussi avoir un impact et rejoindre des groupes, souvent défavorisés. Un projet générant des revenus peut aussi avoir pour but de contribuer à améliorer le sort des membres d’une communauté.
