En éducation entrepreneuriale, les projets entrepreneuriaux ne se prolongent pas forcément jusqu’au lancement d’une entreprise. Cependant, dans la majorité des cas, l’accent est mis sur la planification: développement d’idée d’affaires, choix de partenaires, présentation devant un jury, pitch entrepreneurial et rédaction de modèles et de plans d’affaires forment ensemble un passage obligé. Mais pour réussir son lancement et survivre, il faut plus qu’une bonne planification, selon Harvard Business Review, une revue américaine sur le monde de l’entreprise, éditée mensuellement depuis 1922 par Harvard Business Publishing.
Avec le concept de lean start-up, le processus de création d’entreprise est inversé: il s’agit de tester son idée d’affaires avant d’avoir un plan d’affaires détaillé. La logique sous-jacente à cette démarche étant que la majorité des entreprises qui survivent sont fort différentes de celles planifiées! Les jeunes pousses subissent des changements majeurs en cours de route, en raison de la réaction du marché ou de divers facteurs imprévus.
Le Lean start-up
Selon HBR, une entreprise ayant réussi ne s’est généralement pas développée conformément au plan initial. Au contraire, les entreprises à succès sont finalement celles qui ont pu passer au travers des échecs, tout en améliorant l’idée initiale grâce à un contact avec les clients. C’est plutôt cette expérience que le Lean startup invite les jeunes entrepreneurs à faire.
Concrètement, le lean startup consiste en un test des 9 hypothèses de base de l’idée d’affaires que l’on retrouve dans le Business Model Canvas:
- Partenaires clés
- Ressources clés
- Activités clés
- Propositions de valeur
- Relation client
- Segments clients
- Canaux de distribution
- Structure de couts
- Sources de revenus
Cela peut paraître tout-à-fait logique de tester un modèle d’affaires avant de lancer une entreprise. Ce paradigme confère une tout autre définition à une jeune pousse: une organisation temporaire conçue pour rechercher un modèle économique reproductible et évolutif.
Le Lean start-up et l’entrepreneuriat-éducatif
Pour Kearney (2013), l’école offre un environnement propice pour l’apprentissage des qualités entrepreneuriales: « Si développer l’esprit d’entreprendre exige une pratique régulière ; si apprendre est ce que les jeunes font la plupart du temps, si cet apprentissage se réalise dans des situations très variées (…) alors l’apprentissage scolaire offre la meilleure opportunité pour développer les attitudes entrepreneuriales ».
Par conséquent, tester les hypothèses de base d’une idée d’affaires peut être un bel exercice dans le cadre d’un projet pédagogique entrepreneurial, qui répond aux principes opérationnels de la pédagogie entrepreneuriale:
- Réfléchir: le lean start-up amene les étudiants à réfléchir à une idée d’affaires et de décrire les 9 hypothèses de base de leur projet. Cette série d’hypothèses constitue une version du projet qui permet de valider son idée d’affaires le plus tôt possible, auprès de plusieurs partie-prenantes, dans l’environnement entrepreneuriale réel.
- Collaborer: développer les hypothèses relativement aux 9 éléments constitutifs d’un modèle d’affaires nécessite un travail de collaboration entre les étudiants afin d’être plus efficients. Ce travail peut être réparti selon les forces de chaque membre de l’équipe ainsi constituée.
- Responsabiliser: une fois le travail réparti, chaque étudiant détient la responsabilité de mener à terme ce pour quoi il s’est engagé. Que se soit au niveau du développement des hypothèses ou de la validation de ces dernières auprès des partenaires et des clients.
- Expérimenter et tester: ce processus aide l’étudiant à lancer le processus d’apprentissage global, autour de l’idée d’affaires. C’est en outre une d’expérience réelle de la réalité de l’entrepreneur. En effet, l’étudiant sort et demande aux utilisateurs, aux acheteurs et aux partenaires potentiels de donner leur avis sur tous les éléments du modèle d’affaires, y compris les caractéristiques du produit, les prix, les canaux de distribution et les stratégies.
La valeur éducative du Lean start-up
Le Lean start-up, vu dans un contexte d’enseignement et d’apprentissage peut-être très avantageux pour l’enseignant et l’étudiant.
Pour l’étudiant:
- Apprendre des concepts liés à sa discipline d’études par l’expérimentation
- Comprendre la valeur du travail d’équipe dans la réalisation de tâches complexes
- Etablir des liens entre la théorie et la pratique à travers une expérience authentique
- Etre en contact avec son milieu
- Apprendre de manière active et durablement
- Réinvestir les travaux réalisé plus tard, dans la réalité
Pour l’enseignant:
- Concevoir l’apprentissage de manière à donner un sens à la discipline enseignée
- Enseigner et évaluer des compétences à travers des tâches proches de la réalité de l’exercice de la discipline
- Être plus qu’un dispensateur de savoirs, devenir un créateur de situations pédagogiques
Le recours au Lean start-up, dans le cadre de l’éducation entrepreneuriale permet de construire une passerelle entre posture académique et réalité, grâce à la conception d’une activité pédagogique contextualisée et authentique. Plus qu’une simulation, le Lean Start-up peut être utilisé pour permettre à l’étudiant de vivre, à travers une expérience authentique, la réalité de l’entrepreneur au quotidien et de se positionner clairement par rapport à l’entrepreneuriat.
Références
- Blank, S. (2013). Why the Lean Start-up changes everything. Harvard Business Review. Répéré sur HBR.org.
- Pépin, M. (2015). Apprendre à s’entreprendre en milieu scolaire Une étude de cas collaborative à l’école primaire (thèse de doctorat, Université Laval, Canada).
- Surlemont, B., & Kearney, P. (2009). Pédagogie et esprit d’entreprendre. Bruxelles : de Boeck.