Le mercredi 5 décembre 2018, Guillaume Bernard a apporté des précisions sur les éléments de leadership nécessaire à la mise en œuvre d’un projet d’entrepreneuriat social. Destiné aux étudiants du CCNB, le projet Habitat pour l’humanité en Acadie vise le développement des compétences professionnelles et des valeurs entrepreneuriales des étudiants. Impressionnés par l’ampleur du projet et les nombreux départements impliqués, les participants au webinaire présenté sous forme de question/réponse ont manifesté un besoin d’information relativement aux aspects suivants :
- Les valeurs pédagogiques de l’initiative
- Les intentions des étudiants de se partir en affaires
- Le style de leadership mis en œuvre pour inciter la participation des collaborateurs
- La gouvernance et les coûts
La pédagogie active, telle que conçue dans le cadre de ce projet pédagogique, devrait-elle être appliquée partout?
Réponse : L’une des plus grandes peurs lors des réflexions autour de la mise en œuvre de la pédagogie active est celle de faire des erreurs. En tant qu’enseignants, nous voulons tout contrôler et enseigner comme nous en avons l’habitude : c’est sécurisant en soi. Il faut avoir confiance et essayer. Même si cela implique beaucoup de travail, la pédagogie active et l’entrepreneuriat social dans un contexte pédagogique sont payants à long terme.
Est-ce que les étudiants qui participent à ce projet pédagogique ont le goût de se lancer en affaires?
Réponse : Il faut préciser que la formation en charpenterie s’insère dans le programme professionnel de l’école secondaire. Un étudiant désirant devenir ébéniste doit débuter par une année de formation, suivi d’un examen d’évaluation de ses capacités à entrer dans le système d’apprentissage. Une fois devenu apprenti charpentier, l’étudiant doit poursuivre 1800 heures de formation avant d’être habilité à aller sur le marché du travail. Finalement, l’étudiant revient aux études pour compléter des blocs de formations de 6 semaines pour atteindre le 4e niveau. Cela dit, les étudiants en charpenterie, tant qu’ils n’ont pas réussi les examens du Sceau rouge administrés par les autorités provinciales et territoriales en matière d’apprentissage, ils ne sont pas habilités à exercer leur métier.
Cependant, les ressources sont disponibles au CCNB pour accompagner des étudiants qui voudraient se lancer en affaires, éventuellement. Nous travaillons donc plutôt les compétences qui pourront stimuler l’esprit d’entreprendre : l’autonomie, le sens des responsabilités, la résolution de problèmes, etc.
Quels sont les arguments pour rallier des enseignants d’autres programmes à un tel projet pédagogique?
Réponse : Le plus souvent, les collaborateurs s’attardent sur les défis inhérents à la mise en œuvre d’un tel projet : dévotion, changement, surcharge de travail, etc.
Cependant il faut miser sur les personnes qui sont déjà motivées, qui aiment le changement, qui sont dynamiques, bref, des intrapreneurs. Le porteur du projet doit aussi être un leader en qui les autres peuvent avoir confiance parce que dans un souci d’efficacité et d’efficience, c’est cette personne qui sera mandatée pour prendre des décisions à la longue.
Il faut ajouter aussi que ce projet n’est pas né spontanément. Nous avons dû faire nos preuves par l’implantation de multiples projets de moins grande envergure, mais déterminantes pour accroître notre crédibilité.
Est-ce que vous agissez à titre de gestionnaire de projet?
Réponse : Je suis enseignant en ébénisterie et gestionnaire de chantier. Donc, mon travail sur le chantier s’apparente à celui d’un gestionnaire de projet.
Existe-t-il une structure de gouvernance pour ce projet?
Réponse : Non. Une fois le projet en place, la mise en opération se fait de façon très harmonieuse. À titre de gestionnaire de chantier, je ne prends pas mal toutes les décisions majeures, tout en respectant l’autonomie des apprentis. Dans certains cas, les décisions se prennent à l’interne et dans des situations particulières, nous pouvons réunir les acteurs internes et les partenaires via une conférence virtuelle. Ce qui arrive dans des cas exceptionnels.
Avez-vous déjà évalué les coûts de ce projet?
Réponse : Nous n’avons pas de chiffres précis. Cependant, la somme des contributions des différents partenaires nous donne accès à des ressources qui valent près de 8 fois ce que le collège pourrait mettre à la disposition d’un tel projet.
Du point de vue légal, quelles sont les exigences d’un projet pédagogique de ce genre?
Réponse : C’est notre partenaire Habitat pour l’humanité qui détient tous les permis et les assurances. Nous avons obtenu certaines dérogations de la municipalité, en lien avec les contraintes de l’apprentissage. C’est aussi important de dialoguer avec la ville pour obtenir leur aval sur certains éléments importants. Ces derniers nous imposent des inspections approfondies.