Par Melissa Philippe, Chargée de projet au contenu — PEEC
Cette année, une équipe de recherche réunissant des chercheurs issus de plusieurs établissements d’enseignement supérieur (1) ont réalisé une étude visant à mettre en lumière les besoins et les défis des entrepreneurs émergents. Cet effort coordonné par Étienne St-Jean (2), de l’INRPME, permet aux intervenants collégiaux de mieux saisir les besoins des jeunes aspirants entrepreneurs afin de mieux concevoir leur offre de services.
L’étude, « Les grands défis des entrepreneurs du Québec » s’est adressée à un échantillon de 226 entrepreneurs recrutés par différents réseaux. Pour faire ressortir les principaux défis, 4 groupes de discussion d’entrepreneurs émergents et 4 groupes de discussion de formateurs d’entrepreneurs ont été menés.
Selon l’étude, la gestion financière et légale (3,31 sur 5), suivie de la gestion de la santé psychologique (3,05) et de la gestion du développement de l’entreprise (3,03/5) seraient des préoccupations d’importance pour les entrepreneurs émergents.
Parallèlement, pour ce qui est de la disponibilité des ressources, sur 7 points, l’accès à la formation de qualité (5,01), des occasions riches pour échanger avec d’autres entrepreneurs et des services-conseils de qualité ne manquent pas. Par contre, le soutien financier à des conditions adéquates ne court pas les rues.
De plus, l’étude a également démontré que 28,9 % des personnes interrogées souffrent d’épuisement professionnel et sur une échelle de 1 à 20, la qualité subjective du sommeil se situe à 10,79. Bien évidemment, les plus épuisés professionnellement sont ceux qui manquent de sommeil.
Si nous essayons d’établir un lien entre les 3 catégories de défis cités précédemment, nous pouvons affirmer sans erreur que :
- Il y a une opportunité pour l’offre de formation en gestion financière et légale.
- Il y a un besoin de financement pour les entreprises émergentes, difficile à combler en raison des risques associés aux jeunes pousses.
- Certains entrepreneurs sont tracassés jusqu’à l’épuisement professionnel, probablement à cause des défis qu’ils ont à surmonter.
Qu’est-ce que cela change pour les intervenants entrepreneuriaux collégiaux ?
Si déjà les jeunes entrepreneurs étudiants n’ont pas les outils pour gérer ou les aider à gérer les finances de leur entreprise, ils ne seront peut-être jamais éligibles pour des financements à des conditions adéquates. Et s’ils doivent se débattre jusqu’à l’épuisement pour mettre leurs compétences à niveau, les chances de poursuivre une carrière en entrepreneuriat se retrouvent ratatinées. Cette étude est donc un guide sûr pour mettre en place des services spécifiques de soutien aux initiatives entrepreneuriales dans les collèges.
Plusieurs études, telles que « Les impacts économiques régionaux de la pause sanitaire de la COVID au Québec pour les entreprises et les organisations » et « Regard sur l’entrepreneuriat féminin en période de COVID-19 » ont déjà été publiés récemment pour faire état de la situation des entrepreneurs québécois durant la pandémie. Celles-ci pourraient également inspirer de futures interventions entrepreneuriales au collégial.
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(1) L’Université Laval, l’Université du Québec à Montréal, l’Université du Québec à Trois-Rivières, l’Université de Sherbrooke, HEC Montréal, l’Université Concordia et l’École des entrepreneurs du Québec.
(2) Étienne St-Jean est professeur titulaire à l’Université du Québec à Trois-Rivières, directeur scientifique au Laboratoire de recherche en entrepreneuriat et innovation et titulaire de la Chaire de recherche de l’UQTR sur la carrière entrepreneuriale. Il a coordonné plusieurs recherches dont la très répandue étude sur la situation de l’activité entrepreneuriale québécoise du Global Entrepreneurship Monitor (GEM).
