Aujourd’hui, les enjeux écologiques et environnementaux sont au cœur des débats, et le monde des affaires se doit d’AGIR. Les entreprises en démarrage, de même que celles étant bien implantées, font face à de nombreux défis concernant la durabilité de leur offre et des fonctions qui en découlent. En effet, compte tenu des difficultés liées à la gestion des déchets, à la surexploitation des ressources naturelles, à la surconsommation, à la production croissante de gaz à effet de serre, à l’augmentation des inégalités et au vieillissement de la population, aucun entrepreneur ne devrait ignorer les impacts de son entreprise : tous sont concernés par ces bouleversements.
Par conséquent, il est urgent de sensibiliser les jeunes sur la nécessité d’adapter leurs idées d’affaires afin de les rendre compatibles avec les enjeux décrits précédemment.
Si l’on se réfère à la mission sociale des collèges qui est de former des citoyens conséquents, ils ont également une responsabilité en termes de pédagogie en ce qui a trait à l’empreinte environnementale des activités que les jeunes sont appelés à entreprendre. Dans ce texte, nous abordons 3 actions qui pourraient inspirer les collèges qui soutiennent des étudiants en entrepreneuriat. Elles sont basées sur les réflexions de Elizabeth Pastore-Reiss (2012), dans son livre Les 7 clés du marketing durable.
Il va falloir assurer la transition d’un marketing hérité du XXe siècle vers « un marketing qui ait du sens, qui fasse évoluer les comportements par l’évolution des usages, afin de respecter l’environnement et les Hommes .
Elizabeth Pastore-Reiss
3 actions pour initier le changement vers la durabilité
Elizabeth Pastore-Reiss propose, entre autres, deux actions concrètes qui permettront d’initier la transition vers un « système parallèle tourné vers la maximisation du bien-être social », comme l’affirme Muhammad Yunus, fondateur de la Grameen Bank et récipiendaire du Prix Nobel de la paix en 2006.
Reconcevoir ses produits et ses marchés
Deux types de coûts sont liés à la conception d’un produit, d’abord, les sommes nécessaires à l’obtention ou à la réalisation du produit (coûts de fabrication, d’achat, de transport, d’entreposage, etc.), ensuite, les coûts environnementaux. Ces derniers, rarement considérés comme payants au plan économique, permettent de déterminer la valeur intrinsèque du produit et de la comparer à sa valeur d’usage. Autrement dit, la consommation en ressources (eau, énergie fossile et temps) du produit rivalise-t-elle avec la valeur qu’elle crée? Pour reconcevoir ses produits et ses marchés, il est important de :
- Revisiter leurs impacts environnementaux dans leur ensemble : en identifiant les postes les plus consommateurs de ressources environnementales. Cette démarche d’écoconception devrait permettre non seulement d’optimiser les ressources, mais également d’anticiper et de réduire l’empreinte écologique du produit. Par exemple, une entreprise peut choisir de continuer à croître, tout en réduisant sa production de gaz à effet de serre, sa consommation d’eau, ses déchets et son approvisionnement en ressources énergétiques en optant pour l’énergie verte.
- Valoriser la qualité intrinsèque du produit et sa valeur d’usage : les critères de qualité doivent être intimement liés à la traçabilité sociale et environnementale du produit. En ce qui a trait à sa valeur d’usage, le produit doit remplir sa fonction utile, telle que promise. Cette réflexion sur la valeur intrinsèque et la valeur d’usage peut conduire à un changement du produit ou de sa présentation. Par exemple, une entreprise misant sur des indicateurs non financiers, telles la biodiversité, l’empreinte sociale et la santé de ses employés, verra la valeur de son produit auprès du consommateur s’améliorer parce qu’elle génère des bénéfices à plusieurs niveaux.
Les questions qu’il faut se poser sont :
- Quelle est présentement la consommation environnementale réelle de mon produit?
- Comment puis-je réduire à la fois la consommation financière et environnementale de mon produit?
- Quelles modifications doivent être apportées à la production et au produit lui-même afin d’en augmenter la valeur intrinsèque et la valeur utile?
- Comment faire en sorte que ces modifications créent des bénéfices social, environnemental et économique?
Définir la productivité et la chaîne de valeur
Pour repenser un produit, il y a aussi diverses actions à entreprendre à l’interne, afin de s’assurer que le processus de fabrication lui-même crée de la valeur. En d’autres termes, chaque étape des processus liés au produit doit être étudiée et repensée afin de n’omettre aucune opportunité d’amélioration dans le virage vers la durabilité. Chaque détail compte.
- Inclure toutes les fonctions de l’entreprise dans la réflexion afin de créer de nouvelles sources de valeur, que ce soit en amont ou en aval du processus de fabrication du produit. Par exemple, inclure le service d’emballage à la réflexion sur la diminution de l’empreinte écologique d’un produit peut aboutir à la décision stratégique d’éliminer l’emballage. En aval, cette réflexion peut aller jusqu’à anticiper une responsabilité plus large à savoir la valorisation des matières secondaires du produit ou les moyens de lui donner une 2e, voire une 3e vie.
- Former les employés à une conduite plus écologique. Certes, la sensibilisation est une étape préalable importante, cependant, seule une formation pour participer activement à l’amélioration des pratiques journalières de l’entreprise peut avoir un impact réel. Par exemple, une entreprise peut choisir de mettre en place une gestion rationnelle des déplacements et des voyages en préconisant les téléconférences ou le télétravail, permettant ainsi de créer des bénéfices écologiques.
Les questions qu’il faut se poser sont :
- Comment amener toutes les parties prenantes de l’entreprise à réfléchir sur l’impact direct de leur travail en ce qui concerne les défis associés à la durabilité?
- Quelle information permettrait aux différents collaborateurs d’agir personnellement pour créer de la valeur au quotidien?
- L’entreprise est-elle prête à AGIR concrètement pour la sensibilisation et la formation du personnel?
Innover durablement est synonyme d’être une phase en avance. Cela implique de revisiter les processus actuels, en accordant une importance égale à toutes les fonctions, à tous les départements et à toutes les activités de l’entreprise. « Simplifier », « mutualiser » et « raccourcir » pour découvrir de nouvelles façons de faire les choses peuvent être porteur de valeurs uniformes et génératrices de bénéfices au niveau social, environnemental et organisationnel.
La condition sine qua non pour prendre le virage de l’innovation durable est sans aucun doute le dépassement du strict cadre des bénéfices économiques de l’entreprise en embrassant la question de la valeur sociale et environnementale. En entrepreneuriat éducatif, le discours doit aussi être adapté. Sensibiliser les jeunes qui entreprennent afin de prendre conscience des impacts de leurs activités sur l’environnement et de leur mode de gestion sur leurs collaborateurs semble être une voie privilégiée vers l’innovation durable.
En terminant, voici une vidéo sur le parcours d’un jeans avant d’atteindre le consommateur. Ce cheminement devrait susciter des réflexions en vue de limiter la consommation d’eau et l’empreinte carbone d’un morceau de linge qui n’apporte de valeur que le style!