Par Raymond Robert Tremblay, coordonnateur du PEEC
La «Journée annuelle de ressourcement pédagogique en entrepreneuriat et innovation» des HEC Montréal 2019, organisée par Franck Barès et Louis Jacques Filion du Département d’entrepreneuriat et innovation, a été un grand succès.
Longtemps considérés comme des marginaux, les enseignants qui font la promotion de l’entrepreneuriat sont aujourd’hui à l’avant-garde, tant au plan pédagogique qu’au plan de la pertinence sociale. Dans les milieux éducatifs, cette pertinence passe par une conscience accrue des enjeux écologiques et sociétaux de l’entrepreneuriat. En particulier, les micro-entreprises (soit 90% des entreprises, selon le professeur Filion) créent l’essentiel des nouveaux emplois dans le monde, bien qu’elles ne dépassent pas 10 salariés chacune!
Parmi les conférenciers qui ont spécialement impressionné les participants, on doit noter Patrice Chessé, président d’Inoë conseil, car il a su conjuguer stratégie et innovation, notamment par son style d’animation de groupe.
Ce dernier met en œuvre un enseignement qui est lui-même participatif et innovant. Se percevant comme un facilitateur improvisé, il est à l’affût des réseaux sociaux, tout en proposant des exercices en apparence loufoques, mais déstabilisants, qui nous obligent à «penser et à agir en dehors de la boîte». Il illustre ainsi le lien entre entrepreneuriat et innovation. Les gens du collégial ont ressenti une forte complicité avec cette manière de voir, comme on peut le comprendre en lisant le compte rendu de notre atelier, rédigé par Melissa Philippe.
Il serait peu utile et fastidieux de répertorier toutes les contributions de cette journée enrichissante. Aussi nous allons nous concentrer sur ce qui paraît le plus pertinent dans notre milieu collégial, sans pour autant minimiser l’apport des autres conférences (programme complet ci-joint).
Un autre personnage hors norme dont j’ai entendu parler toute la journée, Jean Bibeau, est lui-même un innovateur patenté! Sa présentation intitulée «Pédagogie de l’Espace expérientiel (E2): remise en question de l’enseignant sur sa place et son rôle dans l’espace de formation» est un programme en soi.
Travaillant de concert avec un spécialiste de l’innovation pédagogique bien connu, Denis Bédard, qui incidemment a commencé sa riche carrière comme conseiller pédagogique au cégep, monsieur Bibeau crée des espaces d’apprentissage où il transfère complètement la charge de l’enseignement sur les apprenants! Difficile, mais grandement apprécié, ce transfert qui redéfinit le rôle de l’enseignant et de l’apprenant, maximise les apprentissages et la rétention.
Pour sa part, Matthias Pépin a présenté un «Un cadre conceptuel pour enseigner l’entrepreneuriat responsable : une perspective Deweyenne». En collaboration avec Luc Audebrand et Maripier Tremblay de l’Université Laval, ce dernier se questionne sur la manière d’intégrer le développement durable en entrepreneuriat. Fermement convaincu lui-même de la nécessité d’un virage écologique important, M. Pépin ne voit pas d’avenir dans un entrepreneuriat irresponsable ou inconscient de ses impacts. Mais quels sont les impacts dont il faut se préoccuper?
Il s’agit en fait de conjuguer le développement économique, le développement social et le respect de l’environnement. C’est ce que ce groupe nomme une approche responsable de l’entrepreneuriat. Pour y arriver, il faut non seulement viser la productivité et l’innovation technologique, comme par le passé, mais aussi prendre en charge le cycle de vie du produit de même que les impacts sociaux de la production et de la consommation sur les diverses parties prenantes.
Pour sa troisième participation, le PEEC a été très satisfait de voir la popularité de son atelier et de constater que près de la moitié des participants provenaient du réseau collégial. Or, avec environ 75 participants, la richesse du contenu aurait justifié une participation bien plus importante de tous les milieux, du primaire à l’université. C’est pourquoi, pour l’an prochain, nous allons participer avec les organisateurs à raffiner la formule afin d’attirer plus de monde et de refléter mieux la diversité pédagogique.
D’autres éléments doivent être soulignés comme la publication de Christophe Schmitt (2018) La Fabrique de l’entrepreneuriat. Paris : Dunod. Université de Lorraine, Nancy (nous y reviendrons); les constats du Global Entrepreneurship Monitor (GEM) d’André Duhamel et Étienne St-Jean (UQTR), l’identification des besoins de formation des entrepreneurs naissants (Martin Cloutier, UQAM et Claudia Pelletier, UQTR), le mentorat de groupe (réseau M), etc.
Mais vous avez compris le message : pour en profiter, soyez avec nous l’an prochain!