Dans les programmes d’enseignement techniques, il est admis qu’un étudiant finissant fasse un stage en entreprise afin d’acquérir une expérience terrain avant la fin du parcours d’études. Un stage est aussi une occasion pour un étudiant de travailler sur une ou plusieurs notions qui ont retenu son attention durant ses études et de se confronter à la réalité de sa future profession.
Cela arrive parfois qu’un stagiaire soit employé par la suite, en raison de son apport à l’entreprise qui l’a accompagné alors qu’il perfectionnait ses outils. Même sans expérience, un étudiant peut être une perle! Ça, Anissa Kherrati, conseillère en entrepreneuriat au Collège Montmorency l’a très bien compris. C’est d’ailleurs de cette conviction qu’est née l’idée de permettre aux étudiants entrepreneurs de faire leur stage dans leur propre entreprise.
Normalement…
Dans le programme de Techniques administratives, comptabilité et gestion et gestion de commerce, les étudiants finissants bouclent leur programme par un stage en entreprise de 4 semaines. Le processus commence par la recherche d’une entreprise capable de les accueillir et de leur donner des mandats précis. Ils devront par la suite produire un rapport qui fait état de leur expérience et leur permet d’établir des liens entre la théorie et la pratique.
Parmi les étudiants que compte le collège dans ses programmes connexes à l’entrepreneuriat, plusieurs ont la fibre entrepreneuriale, une idée d’affaires ou l’intention d’entreprendre. Autrement dit, ce moment entre l’obtention du diplôme et le début de leur carrière peut être une occasion privilégiée pour que l’étudiant puisse s’orienter vers une carrière comme entrepreneur ou comme intrapreneur.
Idéalement!
Anissa Kherrati se questionne.
Citation: Pourquoi ces jeunes qui ont une idée d’affaires, voire même gèrent une entreprise, ont-ils besoin d’aller ailleurs pour effectuer leur stage?
De ce questionnement lui est venu l’idée d’offrir une 2e option aux finissants:
- Soit un stage en entreprise: dans une entreprise de la place
- Ou le fameux stage en entrepreneuriat, dans sa propre entreprise!
Un entrepreneur-étudiant qui choisit de donner son temps à son propre projet doit dans un premier temps travailler avec Anissa Kherrati (la superviseure de stage) afin de déterminer l’objet de son stage. Il s’agit, en général, de préciser sur quel aspect du démarrage ou du développement de son projet d’affaires il va canaliser son énergie.
Pour ce faire, l’entrepreneur-étudiant qui doit travailler dans son entreprise est pris en charge par les mentors du Réseau M-Fondation de l’entrepreneurship. Une rencontre est organisée chaque semaine, pendant un mois, afin de l’accompagner dans sa démarche avant même de démarrer officiellement son stage. En effet, cette étape permet à l’etudiant de cerner son objet d’études. De plus, elle permet à l’enseignant, de même qu’à la superviseure de reconnaître la pertinence de l’aspect retenu par l’étudiant, à la fois pour son avancement et pour le cours.
À la suite de cela, l’étudiant doit faire un Pitch de 10 minutes devant la coordonnatrice des stages, son enseignant responsable du stage et la superviseure de stage. À l’issue de ce pitch, son projet de stage sera retenu ou rejeté.
Le stage en soi…
En temps normal, les stages commencent vers la fin avril, début mai. Un espace de coworking, le Tiers-Lieu — en fait une coopérative de solidarité — devient le nouvel espace de travail du stagiaire. Cet environnement lui offre l’opportunité de participer à l’intelligence collective prônée dans la mission de cette entreprise. En effet, Les entrepreneurs-étudiants sont sollicités ou sollicitent leurs pairs, dans un espace de mixité entre entrepreneurs aguerris et apprentis. C’est aussi dans cet espace qu’ils reçoivent la visite des mentors, de l’enseignant et d’Anissa. Les entrepreneurs-étudiants ont l’obligation de se présenter tous les jours dans les espaces de travail qui leur sont réservés et de participer activement à la vie de la coopérative.
Des questions sur l’évaluation? L’etudiant est partie-prenante, mais pas juge! L’évaluation est faite par les personnes qui l’encadrent et, à la fin, son rapport de stage est soumis à l’appréciation de l’enseignant du cours.
Pour que ce stage soit un succès, il faut, en l’occurrence au collège Montmorency, la collaboration de la coordonnatrice des stages, Isabelle St-Aubin, un enseignant passionné et complice, Luc Boulanger avec qui les rôles et responsabilités sont bien définis et un écosystème prêt à recevoir ces jeunes entrepreneurs-étudiants et les accompagner dans la réalisation ou le développement de leur projet d’affaires.
Si on compare le stage régulier au stage en entrepreneuriat, les apprentissages réalisés tout au long de l’expérience s’équivalent. Cependant, dans le second cas, l’étudiant est doublement gagnant. Non seulement il apprend, il découvre un écosystème entrepreneurial, il développe son réseau d’affaires (fournisseur de service, mentor)… Mais la cerise sur le sundae, il investit son temps et son intelligence dans un projet qui éventuellement deviendra son gagne pain!