Entretenir la flamme entrepreneuriale beauceronne

9 avril 2018

Collaboration spéciale: Entrevue et dossier préparés par Mme Marie Lacoursière, édimestre au Portail du réseau collégial 

Marie Lacoursière échange avec Monsieur Marco Roy, enseignant au Cégep Beauce-Appalaches

Le portail du réseau collégial amorce une rubrique additionnelle au répertoire de ses infolettres mensuelles, sous le thème « Les professeurs créateurs dans les collèges ». Ce thème met en valeur le talent de ceux et celles qui, comme Marco Roy, contribuent à travers leur profession et leur enseignement, à l’avancement de la connaissance, de l’art, de la science, du savoir-faire et du savoir-être de leurs interlocuteurs.

Le Cégep Beauce-Appalaches soulignait dernièrement le 20e anniversaire du concept de mini-entreprise mis de l’avant par monsieur Marco Roy, enseignant en Technique de Comptabilité et de gestion au collège. Depuis 1997, près de 500 étudiants ont annuellement créé dans le cadre des cours 56 mini-entreprises, une excellente façon d’entretenir la flamme entrepreneuriale beauceronne.

500 étudiants  56 mini-entreprises un beau défi

Dans le cadre de sa carrière l’enseignant est très actif. Le concept de mini-entreprise constitue le véhicule pédagogique qu’il a mis de l’avant en 1997 et qu’il soutient depuis en collaboration avec Les programmes éducatifs JA Québec (anciennement Jeunes Entreprises du Québec). Les élèves développent une petite entreprise dotée d’une constitution de société comme s’ils étaient une compagnie. Ils complètent durant le processus la totalité des démarches requises à la mise en route de l’entreprise réelle.

Le concept des mini-entreprises (Entreprises Étudiantes) provient de l’organisation JA Worldwide, le plus grand organisme à but non lucratif au monde dédié à l’éducation financière et entrepreneuriale. « Quand j’ai vu la formule, je m’en suis inspiré et l’ai adaptée à l’ordre collégial. Les acquis de connaissances ont été répartis sur une année académique, soit un premier cours à la session d’automne sous le volet démarrage d’entreprises. Le second cours, Gestion de projet, est offert à la session d’hiver et donne lieu à l’actualisation de projets diversifiés et concrets de mini-entreprises », explique Marco Roy.

Les mini-entreprises relèvent de JA Québec qui relève de JA Canada.

En seconde moitié du cours Gestion de projet, les étudiants organisent un gala des mini-entreprises sous la supervision de l’enseignant. « Ils sont les premiers artisans de l’événement. Ils choisissent l’endroit, déterminent le budget et chaque mini-entreprise doit faire une présentation orale de 35 à 40 minutes. Cette dernière, loin d’être magistrale, prend la forme de mises en scène témoignant de la concrétisation du projet et de ses effets. Les étudiants apprennent énormément sur eux-mêmes. Les acquis de connaissances sont importants au niveau de l’administration de la logistique reliée à la recherche du capital, à la vente du produit en passant par l’approvisionnement ».

Les notions de service à la clientèle sont livrées dans le cadre de cours théoriques appuyés d’exemples concrets et de mises en contexte pointues. Les étudiants apprennent sur eux-mêmes et deviennent conscients de leurs réactions et interactions en équipe. Plusieurs confrontent et dépassent leur grande timidité grâce à la vente de produits et à la mise en place de kiosque. « L’aspect administratif est concret puisque l’accent est mis sur la pratique. À l’étudiant qui dit en classe « il faudrait qu’on trouve des fournisseurs », je réponds  » prends le téléphone, écris des courriels et négocie comme dans la vraie vie ». Il apprend ainsi sur le plan administratif assurément, mais également sur lui-même et réalise comment il réagit en équipe. »

Une troisième année de formation dynamique

L’enseignant est affirmatif : « Les élèves réalisent qu’en septembre prochain, dans le cadre de leur troisième année, ils vivront des frictions et des conflits puisque dans une entreprise la confrontation d’idées est fréquente. Lorsque tu veux que ça fonctionne, tu dois confirmer ton point de vue et clarifier tes prises de position. Les étudiants perçoivent en cours comment ils réagissent à l’intérieur des différentes mises en situation, disons-le, plus ou moins conflictuelles. Je suscite les rétroactions des élèves en fin de session par un questionnaire individuel considéré comme un rapport d’évaluation du programme. Je recueille ce qu’ils pensent du processus et entend leurs suggestions afin de toujours améliorer le concept.

Équipe championne du monde

Quand j’ai commencé en 1997, je suis allé voir le directeur adjoint des études. Nous avons échangé sur le concept et avons décidé de le mesurer sur une seule session. J’avais déjà entendu parler du projet des Entreprises Étudiantes, ça faisait déjà 5 à 6 ans que je donnais le cours sous la traditionnelle forme du plan d’affaires que les étudiants mettent en forme et qu’ils rangent sur une tablette sans qu’il ne serve plus à rien par la suite. Je me suis dit qu’il y avait sûrement moyen de rendre l’apprentissage plus probant.  L’idée a surgi et je l’ai expérimentée pendant une session. Les étudiants en place durant la première session ont bien adhéré au concept. Il fallait .générer un fonds de roulement pour financer le programme et voir s’il y avait des possibilités de le perpétuer. Les performances financières des étudiants ont progressé de façon fulgurante. »

Assurer le financement du projet

Il n’y a rien de gratuit. Pour adhérer au programme des Entreprises Étudiantes de JA Québec et recevoir le certificat de constitution de société, il faut entre autres acheter une trousse de gestion par mini-entreprise et se doter d’un fonds de roulement signifiant. « Une mini-entreprise ne s’improvise pas du jour au lendemain. Il faut adhérer au concept et assumer les frais fixes imposés. Les fonds disponibles pour le démarrage et la survie du projet étaient et demeurent restreints. Il fallait conséquemment assurer l’autofinancement du concept. Comme les étudiants apprennent dans le cadre de leur cours comment fonctionnent les entreprises, nous les formons également à comptabiliser les taxes .Comme ce ne sont pas de vraies entreprises et qu’ils n’ont pas de numéros de taxes lorsqu’ils vendent un produit, une taxe JA est ajoutée au prix des produits, ainsi cela répond à 2 objectifs : apprendre à gérer les taxes et permettre un financement du programme. »

À l’heure du bilan quelle est votre plus grande satisfaction?

La plus grande satisfaction de Marco Roy réside dans le fait que le programme se soit  perpétué durant toutes ces années. « Je suis  heureux de voir réussir les étudiants. Comme nous pouvons le constater sur les multiples photos prises au fil du temps plus de 56 certificats de société placardent les deux tiers des murs de notre département avec le

HPGBC Hewlett Packard Global Business Challenge, une simulation internationale que j’ai intégrée à mes cours pendant plusieurs années. Des étudiants qui se sont rendus en finale sont allés plus d’une fois au Mexique, à Prague et aux États-Unis».

L’organisation de conférences type déjeuner d’affaires apparaît au plan de cours de des  finissants de troisième année en démarrage d’entreprises. «Ce n’est pas moi qui les organise mais bien les principaux intéressés. Je les oriente et les aide à concrétiser de nombreux projets afin qu’ils assimilent la matière à travers la pratique, et le même processus prévaut pour le gala de fin d’année. »

Regard sur une carrière active
Quand Marco Roy jette un regard rétrospectif sur ce qu’il a accompli, il se dit satisfait mais n’entend  pas s’arrêter là  Il lui reste encore 5 années de carrière et des défis à relever dont un nouveau programme de Techniques administratives qui prend naissance à Sainte-Marie de Beauce en cheminement bilingue. «J’entends m’investir du mieux que je peux. L’essentiel pour un professeur demeure de livrer sa matière et d’assurer l’acquisition des connaissances et du contenu mais je suis conscient que le temps file. Il m’importe de maintenir le principe du plaisir dans mes façons de faire et le concept de mini-entreprise répond  à mes attentes. Comme professeur, je joue un rôle de consultant et  de relation d’aide qui me permet de fournir un encadrement dynamique, d’avoir un réel plaisir à faire mon travail en relevant des défis connexes qui me passionnent. »


Paru d’abord dans le Portail du réseau collégial. Reproduit avec l’aimable autorisation de Marie Lacoursière.

 

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