Intégrer l’entrepreneuriat éducatif dans un cours de techniques administratives est chose courante, mais dans un programme d’Arts, lettres et communication beaucoup moins! Comment se lancer dans un projet entrepreneurial en tant qu’étudiant en création littéraire? C’est ce que nous verrons à travers trois projets innovants.
Projet de création
Les onze étudiants du cours « Projet de création » sont restés surpris lorsque l’enseignante Caroline Desjardins leur a annoncé qu’ils devaient inscrire leur création dans le contexte d’un projet entrepreneurial, qui les mènerait à sortir dans leur communauté, afin d’en faire profiter la collectivité. Ils devaient maintenant penser à répondre à un besoin ou à une demande du milieu et diffuser leur projet en dehors de la classe. Ils n’ont pas tardé à comprendre qu’ils devaient se mettre en action.
C’est d’abord grâce à un atelier d’idéation que les étudiants ont trouvé leur idée de projet. La conseillère pédagogique en entrepreneuriat de l’époque, madame Valérie Larose, a initié un remue-méninge avec une technique d’idéation inspirée du World café, cette méthode basée sur le pouvoir de la conversation. Suite aux échanges et aux écrits, les équipes ont identifié différents besoins sur lesquels se pencher. Les trois projets choisis s’inscriront dans une forme d’entrepreneuriat social.
Les projets
L’équipe de Sara Rodrigue a décidé de travailler auprès des élèves de 4e et 5e secondaire. Selon les étudiants, cette clientèle peut vivre des défis liés à l’affirmation et la connaissance de soi. Ils ont donc décidé de leur donner un droit de parole et de les encourager à écrire sans contraintes. Ils leur ont offert trois ateliers de création littéraire comme moyen d’expression, en leur expliquant le but et la provenance de chaque exercice. Parmi les nombreuses retombées positives de leur projet, les étudiants ont souligné qu’agir « au bénéfice de [leur] communauté [les] introduira assurément à une prise de conscience des besoins qui [les] entourent et [les] encouragera à servir [leur] communauté dans d’éventuels projets ».
De son côté, l’équipe de Vanessa Nadeau a décidé d’organiser un micro-ouvert (Open Mic), afin de laisser la chance à chacun de s’exprimer et de partager leur passion de l’écriture et de la création. Cette activité a été pensée pour répondre aux besoins d’expression de la population, suite à la fermeture d’un café qui organisait plusieurs soirées culturelles du genre. Musiciens, poètes et auteurs venaient à tour de rôle porter leur message. « En faisant cette soirée, nous voulions offrir à un plus grand nombre de gens l’opportunité de venir partager leur talent, nous émouvoir ou nous divertir. Nous voulions partager notre passion pour la création tout en valorisant l’écriture et les bienfaits qu’elle procure. » Le public a grandement apprécié la soirée et a manifesté son intérêt pour une seconde édition de cette activité de partage.
L’équipe de Marie-Michèle Paquet a ciblé les élèves du primaire. L’intention première était de contribuer au développement de la créativité et de la débrouillardise des enfants. Avec du matériel de bricolage et des chaussettes, les enfants ont inventé un personnage. Par la suite, ils ont formé des équipes et ont animé leur marionnette en imaginant une courte histoire. Les enfants étaient très fiers de leur création et les étudiantes de l’équipe de Marie-Michèle fières de travailler auprès de cette clientèle et de contribuer à son apprentissage.
Les retombées
Les projets entrepreneuriaux des étudiants ont apporté de nombreuses retombées positives, autant chez les étudiants, que dans la communauté, comme en témoigne l’enseignante Caroline Desjardins :
Intégrer le projet entrepreneurial à un cours de Création littéraire a été très enrichissant autant pour moi que pour mes étudiants. Il m’a permis de développer les savoir-être liés au domaine des Arts et Lettres puisque les étudiants devaient créer leur projet de façon autonome, en faisant preuve d’initiative, de dynamisme, de débrouillardise et de créativité. Ils ont également dû développer leur capacité à communiquer avec des gens du milieu, hors de la sécurité de la classe, ce qui ne peut pas se réaliser dans le cadre habituel des évaluations. Plutôt que d’évaluer le contenu du cours de façon plus traditionnelle en demandant aux étudiants de reproduire les habiletés vues en classe, il s’agissait pour moi d’évaluer leur capacité à s’approprier le contenu au point d’être capables de le transmettre à leur tour au public visé par leur projet entrepreneurial. C’est une tout autre façon d’apprendre qui s’est avérée beaucoup plus motivante à leurs yeux qu’un examen ou un travail. […] Le projet entrepreneurial, en les forçant à concevoir un projet destiné à un public cible et mettant en valeur leurs acquis en création littéraire, leur a permis de s’ouvrir à l’autre plutôt que de rester centrés sur eux-mêmes. Il leur a aussi permis de s’engager dans leur communauté pour valoriser l’art et la création ».
Effectivement, la transmission de connaissances liées à la création littéraire à l’intérieur d’un projet entrepreneurial a permis à ces étudiants de mieux maîtriser les notions apprises et de comprendre leur portée. Pour chacun des projets, les étudiants ont été sensibilisés aux besoins de la communauté et se sont mis en action pour participer à l’épanouissement des diverses clientèles. Grâce à cette expérience, ils seront plus à l’écoute des divers enjeux de notre société et plus aptes à agir pour le bien de l’autre. L’apprentissage s’est aussi fait par la recherche de solutions, afin de résoudre les difficultés rencontrées, car prendre part à la gestion d’une activité dirigée demande plusieurs aptitudes organisationnelles. Programmer la tenue de l’événement, prendre contact avec les partenaires, planifier le déroulement de l’activité et les besoins en matériel sont des étapes nécessaires à la concrétisation d’un projet. L’ensemble de ces apprentissages est beaucoup plus vaste que ce qui aurait été appris dans un cours théorique.
La suite
En discutant avec madame Desjardins, il est clair que l’expérience sera reprise l’an prochain. De voir ses étudiants s’impliquer et se dépasser ainsi a beaucoup de valeur à ses yeux. De plus, l’enseignante a préparé sa grille de correction en fonction des critères d’évaluation du Défi OSEntreprendre. Les équipes devraient donc toutes soumettre leur dossier au concours dans le volet entrepreneuriat étudiant et faire rayonner leurs initiatives. Le Cégep Beauce-Appalaches est très heureux de voir naître en ses murs de telles collaborations et souhaite que plusieurs autres programmes emboîtent le pas.
Marie-Anne Moreau
Conseillère pédagogique en entrepreneuriat
Cégep Beauce-Appalaches