Si vous êtes parents, vous apprenez quelque chose à votre enfant chaque jour, qu’il s’agisse de gestes simples, comme tenir une fourchette, nouer des lacets, faire du vélo, ou de valeurs fondamentales comme le respect, l’humilité, la discipline. Or, vous êtes-vous déjà demandé où et comment vous avez appris à transmettre vos connaissances? C’est à juste titre que certains affirment qu’apprendre quelque chose à quelqu’un est une démarche implicite, c’est-à-dire spontanée et ne nécessitant aucune préparation.
L’école, en revanche, constitue un cadre d’enseignement plus formel. Les savoirs, les savoir-faire et les savoir-être doivent être clairement définis de même que les actions visant à les transmettre. Si les méthodes d’enseignement, le matériel didactique et les modalités d’évaluation soutiennent l’enseignement en général, la pédagogie entrepreneuriale contribue de façon spécifique à l’acquisition de compétences chez l’apprenant. Mais les éléments composant la séquence pédagogique ne doivent pas être le fruit du hasard. Il importe de se poser quelques questions en lien avec ce qui motivent nos choix : qu’est-ce que les théories en lien avec l’apprentissage peuvent apporter aux choix pédagogiques entrepreneuriaux? Comment la connaissance de ces théories peut-elle aider à rester en cohérence avec les objectifs pédagogiques?
Les objectifs pédagogiques selon la Taxonomie de Bloom
La taxonomie de Bloom est un modèle qui hiérarchise les habiletés que l’on veut développer chez les apprenants. Selon Wiki-TEDia, « cette stratégie vise en premier lieu le découpage et l’ordonnancement du contenu d’enseignement sous forme de progression pédagogique ».
En fonction du niveau de complexité des connaissances (au sens large) à acquérir, l’on fixera des objectifs allant du bas vers le haut de la pyramide.
Que veut-on enseigner?
Pour passer d’un objectif à une activité pédagogique, il est essentiel de définir l’intention de l’acte d’enseignement selon le type de connaissance que l’on veut faire acquérir. Selon Jacques Tardif, professeur à l’Université de Sherbrooke et spécialiste de la pédagogie universitaire, il existe 3 types de connaissances, au sens large du terme. Anderson et al. (2001) proposent un modèle revisité du modèle de Tardif en y ajoutant les connaissances conceptuelles.
- Déclaratives ou factuelles: Connaissances théoriques (faits, lois, règles) ou informationnelles. Ces connaissances sont en action lorsqu’elles sont transformées en connaissances procédurales ou conditionnelles mobilisables. Ex.: la date de la signature de la Magna carta ou la superficie du Canada.
- Conceptuelles: Plus complexes que les connaissances déclaratives, les connaissances conceptuelles concernent des phénomènes et les liens qui existent entre ces derniers. Ex.: connaître la structure d’une dissertation et les éléments d’information qui composent un pitch de vente.
- Procédurales: Ce sont les procédures à suivre pour la réalisation concrète d’une action ou d’une tâche. Ex.: rédiger une dissertation, réaliser un pitch de vente.
- Conditionnelles: Pour développer ces connaissances stratégiques, l’apprenant doit être exposé à des situations lui permettant de choisir la procédure à adopter, en fonction du contexte. Ex.: En situation de vente, un pitch est plus approprié qu’une dissertation.
Les 4 principes de mise en oeuvre de la pédagogie entrepreneuriale
Selon Kearney et Surlemont (2009), la pédagogie entrepreneuriale permet l’assimilation des contenus disciplinaires grâce à des mises en contexte concrètes de type entrepreneurial. Cette approche permet à l’apprenant de développer des apprentissages grâce aux défis et aux expériences réelles qui se rapprochent de situations authentiques. Afin de mettre en oeuvre la pédagogie entrepreneuriale dans les salles de classe, l’auteur propose 4 principes opérationnels permettant de baliser une séquence pédagogique:
- Elle favorise la prise en charge par l’apprenant de sa propre démarche d’apprentissage, en le responsabilisant.
- Elle permet à l’apprenant de construire son apprentissage sur sa propre expérience plutôt que sur celle des autres en lui faisant vivre des expériences concrètes.
- Elle permet à l’étudiant de réfléchir sur l’objet d’apprentissage et la manière dont il s’approprie les connaissances.
- Elle est coopérative. Le travail collaboratif permet aux différents membres de l’équipe de contribuer au processus d’apprentissage des autres.
Des objectifs pédagogiques, à une séquence pédagogique entrepreneuriale, en passant par les types de connaissance
Le point de départ de toute activité pédagogique est la définition d’objectifs d’apprentissage. Par la suite, on associera l’objectif à atteindre au type de connaissance à acquérir. La dernière étape consiste à déterminer les activités pédagogiques en privilégiant l’un des 4 principes de mise en oeuvre de la pédagogie entrepreneuriale.
- Définir les objectifs pédagogiques: Pour définir les objectifs spécifiques d’un cours, il peut être intéressant de se demander quel est le niveau de profondeur des habiletés que l’on veut que l’apprenant développe. La taxonomie de Bloom est un outil intéressant en ce sens qu’elle offre des verbes clés permettant de bien préciser les intentions pédagogiques
- Associer les objectifs au type de connaissance correspondant: Une fois les objectifs déterminés, la prochaine démarche consiste à les associer à un type de connaissances précis. L’importance de cette étape réside dans le fait qu’elle permet de planifier des activités pédagogiques cohérentes. Par exemple, si on sait qu’un objectif cible des connaissances déclaratives, il faudra prévoir des activités permettant d’exposer les théories, règles ou informations, dans un premier temps, pour ensuite proposer des activités permettant de les mettre en action.
- Déterminer les activités pédagogiques entrepreneuriales: en dernier lieu, on peut définir précisément les différentes activités qui permettront de créer une expérience d’apprentissage efficace. On privilégiera:
- Les activités réflexives et collaboratives pour les objectifs se situant au haut de la pyramide de la Taxonomie de Bloom, et les connaissances conceptuelles et conditionnelles.
- Les activités responsabilisantes pour les objectifs se situant au bas de la pyramide et les connaissances déclaratives.
- Les activités expérientielles pour les objectifs au milieu de la pyramide et les connaissances procédurales et conditionnelles.
À vous de jouer maintenant! Il suffit parfois d’un peu d’audace et de créativité pour revoir nos méthodes d’enseignement et planifier différemment notre manière de transmettre les savoirs.
Références bibliographiques:
- Dor, S. (2017). « Les connaissances déclaratives, procédurales et conditionnelles ». Parenthèse vidéoludique, 14 mars 2017. Repéré à https://www.simondor.com/blog/2017/03/connaissances.html
- Philippe, M. (2018). Les fondements théoriques de la pédagogie entrepreneuriale. (projet de fin d’études. Université Laval. Canada)
- Surlemont, B., & Kearney, P. (2009). Pédagogie et esprit d’entreprendre. Bruxelles : de Boeck.
- Types des connaissances. (s.d.) Dans WikiTEDia. Page consultée le 29 septembre 2019 sur http://wiki.teluq.ca/ted6210/index.php/Types_des_connaissances