Par Raymond Robert Tremblay, coordonnateur du Projet d’éducation entrepreneuriale au cégep – le PEEC
Il arrive souvent que des professeurs aient de la difficulté à concevoir la contribution éducative de l’entrepreneuriat au collégial. N’est-ce pas destiné à une petite catégorie de personnes, les «entrepreneurs nés»? Ne devrait-on pas réserver son enseignement à des programmes destinés à cette fin, en administration ou en gestion des affaires? Enfin, n’est-ce pas une tentative de détourner des programmes de culture générale comme les sciences humaines ou les arts visuels vers les impératifs de l’économie? Dans cette chronique, laissez-moi expliquer les vertus de l’éducation entrepreneuriale au collégial.
Bien que perçue intuitivement par les intervenants de terrain, la contribution éducative des initiatives entrepreneuriales n’avait jamais été clarifiée au collégial. C’est pourquoi un groupe de répondants locaux, soutenu par les membres de l’équipe du PEEC, ont élaboré un référentiel issu autant de la littérature savante sur le sujet que des expériences concrètes des intervenants. Cet exercice de pratique réflexive a donné naissance au Profil de compétences entrepreneuriales en mots clés.
Le profil est organisé autour des trois étapes clés d’un projet entrepreneurial. Analysons ses trois composantes: la conceptualisation, la planification et la mise en oeuvre. D’abord le profil se présente en mots clés, la dimension de ceux-ci souligne leur importance en tant que références. Par exemple, si on regarde l’étape conceptualisation, ou idéation, on observe que l’entrepreneuriat éducatif permet dès le début le développement de compétences (au sens d’attitudes et de savoir-faire) personnelles – motivation, créativité… -, interpersonnelles – fiabilité respect… -, et organisationnelles – travail d’équipe, génération d’idées réalisables … On pourrait déployer chaque notion et la mettre en relation avec les autres mots clés. Pour nous l’important est le travail explicite que l’on peut entreprendre avec les apprentis entrepreneurs à cet égard. Par exemple, choisir de se concentrer à cette étape sur la vision d’avenir, la tolérance et la perception d’un besoin, serait une approche tout à fait valable.
Les compétences reliées à la planification d’un projet sont tout aussi importantes. Ce faisant, le jeune (ou moins jeune) entrepreneur développera sa détermination, deviendra plus proactif en équipe et apprendra à se réseauter. Bref, il deviendra mieux à même de partager des responsabilités, de contribuer aux échanges et d’établir un échéancier de travail. Les combinaisons possibles sont très nombreuses et non exclusives. Cela peut varier selon la nature du projet, la composition de l’équipe, les autres objectifs pédagogiques poursuivis.
Combien de fois n’a-t-on pas entendu des entrepreneurs vanter la débrouillardise et le sens de leur engagement? Qui a réussi dans n’importe quelle sphère de l’activité culturelle, économique ou communautaire, nous parlera de la ténacité nécessaire et de l’importance d’exercer une influence positive pour «faire la différence», «changer les choses». Enfin, et malgré l’opprobre que ce terme revêt quelquefois, il faut bien savoir se vendre et vendre son projet aux prêteurs, aux organismes partenaires, aux clients potentiels. C’est tout le sens d’émissions de télévision comme les Dragons, ou de concours comme Ose entreprendre. Convaincre est une compétence clé autant dans les organisations que sur le marché du travail.
Ce n’est pas forcément dans le but de transformer tout le monde en entrepreneur qu’on promeut ces attitudes et ces capacités. On utilise l’entrepreneuriat éducatif aussi comme un moyen de développement de compétences nécessaires à la vie sociale. Même employée, une personne ainsi formée aura développé des qualités importantes pour oeuvrer en entreprise, travailler en équipe, communiquer avec des collègues ou des fournisseurs. Sans parler des capacités intrapreneuriales de plus en plus prisées par les employeurs, surtout dans la nouvelle économie, mais aussi dans des secteurs traditionnels désireux de se renouveler. On entend les mêmes demandes en provenance du domaine du repreneuriat. Lors de la reprise d’une entreprise par une plus jeune génération, il arrive souvent que le modèle d’affaires ait vieilli et que des innovations soient requises pour développer de nouveaux produits, de nouveaux processus ou de nouvelles parts de marché. Le sens de l’innovation sera de mise, mais aussi la délicatesse requise dans la gestion du changement!
L’entrepreneuriat n’est donc pas destiné à une petite catégorie de personnes, confiné aux programmes de gestion ou étranger à la culture générale. Au contraire! Les gens en sciences humaines et les artistes doivent aussi devenir entreprenants, créatifs et capables de s’adapter à diverses situations imprévues. L’entrepreneuriat éducatif n’est pas le seul moyen d’arriver à développer ces compétences, amis c’est un moyen qui correspond au profil d’apprentissage concret et pratique d’un grand nombre de personnes apprenantes qui souhaitent passer à l’action et qui apprennent mieux par la mise en pratique.
Autres approches semblables
SAJE accompagnateurs d’entrepreneurs : https://www.sajeenaffaires.org/documents/profil_entrepreneurial.pdf
Social Business Model : http://www.socialbusinessmodels.ch/fr/content/compétences-et-qualités-entrepreneuriales
Un test de profil entrepreneurial en ligne : http://profilentrepreneurial.org/
Conseils d’une entrepreneure sympathique – Kim Auclair : http://kimauclair.ca/competences-entrepreneuriales/