Par Melissa Philippe, Chargée de projet au contenu – PEEC
Au printemps 2020, Femmessor, l’organisation dédiée au développement de l’entrepreneuriat féminin, a conduit un sondage en vue de mesurer l’impact de la COVID-19 sur les entreprises menées par des femmes. Au collégial, l’entrepreneuriat féminin se développe. Les résultats de cette analyse pourraient donc permettre aux intervenants entrepreneuriaux des collèges d’anticiper certains besoins de leurs étudiantes entrepreneures et guider de futures interventions. En outre, cette étude donne le pouls de l’état général de l’entrepreneuriat féminin dans pas moins de 17 régions à travers le Québec.
Femmessor est une organisation dont la mission est de contribuer directement à la création, à la croissance et à l’acquisition d’entreprises dirigées et détenues en tout ou en partie par des femmes dans les 17 régions du Québec. Soutenue financièrement par le ministère de l’Économie et de l’Innovation (MEI), le gouvernement du Canada et de nombreux partenaires, Femmessor a contribué au projet de loi 27 portant sur l’entrepreneuriat féminin pour générer une prospérité durable et a conduit une étude sur l’actionnariat au féminin.
Mené entre le 16 et le 20 avril 2020, « Regard sur l’entrepreneuriat féminin en période de COVID-19 » a permis de rejoindre 1 080 femmes entrepreneures provenant des 17 régions du Québec et issues de tous les secteurs d’activités et tailles d’entreprise. Le sondage s’intéresse également aux défis et aux moyens identifiés pour assurer la survie et la relance de leur entreprise. Voici en résumé quelques éléments intéressants de cette étude.
Niveau de confiance en l’avenir
Un premier fait remarquable : 78 % des femmes se disent confiantes ou très confiantes face à l’avenir et démontrent un haut niveau de résilience alors que près de la moitié d’entre elles sont à la recherche de financement afin d’assurer leur survie. Les plus confiantes œuvrent dans les services professionnels, scientifiques et technologiques, dans le commerce de détail et dans la fabrication. Ces entreprises sont généralement déjà établies et sont gérées par des femmes plus jeunes.
Besoin en financement
Difficulté à survivre à la crise
Alors que 50 % d’entre elles font face à un besoin de financement criant pour affronter l’avenir, elles se heurtent à de multiples obstacles. En effet, plusieurs ont de la difficulté à faire valoir qu’elles se qualifient aux différents programmes et mesures, à trouver le bon organisme, à faire valoir leur besoin et à monter leur demande. Ce qui explique à bien des égards la détérioration de la situation financière de certaines qui n’ont presque pas le choix que de recourir à leurs économies personnelles.
Évidemment, difficultés financières et difficultés à survivre sont positivement corrélées. Elles sont 50,7 % faire face à des difficultés à survivre, dont 28,4 % moyennement, 14 % plutôt et 8,3 % tout à fait. Les femmes qui possèdent des entreprises de plus petite taille, en démarrage, dans le commerce de détail ou qui œuvrent dans les services professionnels sont celles qui remettent en question la survie de leur entreprise.
Cependant, elles prennent les moyens pour s’en sortir. L’accélération du virage numérique, l’adaptation du modèle d’affaires et le développement des compétences sont les grandes idées qui ressortent. L’intérêt pour ces 3 aspects s’estiment respectivement à 17,41 %, 13,93 % et 12,92 %, au total. Nous ne sommes pas surpris que le virage numérique se trouve en tête du classement, lorsqu’une entreprise comme Amazon a vu son chiffre d’affaires doublé au cours du mois de mai, en pleine pandémie. C’est dire que le commerce en ligne et autre utilisation similaire de la technologie sont des avenues dignes d’être explorées par les temps qui courent.
Des attentes pour la relance économique ?
784 sur 1080 répondantes au sondage ont exprimé leurs attentes face à la relance économique. Parmi l’ensemble des commentaires reçus, quelques thèmes principaux ressortent pour favoriser la relance économique, dont : privilégier l’économie locale du Québec développer le commerce électronique, accompagner les entrepreneures pour qu’elles puissent acquérir les compétences nécessaires à la croissance de leur entreprise, étendre les mesures de soutien financier par le biais de subventions pour les PME et faire évoluer le modèle économique global.
En conclusion, malgré les difficultés auxquelles elles font face, les femmes entrepreneures sont très optimistes face à l’avenir. Elles ont d’ailleurs une vision précise des actions à prendre pour adapter leurs activités à la situation provoquée par la crise de la COVID 19 et le virage numérique est un incontournable. Évidemment, l’accès aux moyens de financement est pointé du doigt, notamment parce qu’ils ne sont pas accessibles au plus grand nombre.
Le rapport offre également des informations précieuses sur la situation des travailleuses autonomes.
Le document intégral est accessible via ce lien.